Elle aime Garcia Lorca et Oum Kalsoum, le rock et Rainer Maria Rilke. Qu'elle chante à Paris, à Sarajevo ou à Gaza ou que, de sa voix claire et un peu rauque, elle dise des poèmes, cette juive marocaine ne cesse de surprendre. Sapho, qui symbolise depuis trente ans toute l'histoire franco-judéo-maghrébine, c'est une allure, un style. Une exubérance mêlée de fragilité. Elle se produit à Paris jusqu'au 22 avril, à la Maison de la poésie. Elle lit des poèmes de Rilke, de Charles Baudelaire et d'Henri Michaux.

Le trait de votre caractère dont vous êtes la moins fière?
La jalousie.

Le bonheur parfait, selon vous?
La réponse est le malheur de la question, comme disait Maurice Blanchot.

A quel moment de votre vie avez-vous été la plus heureuse?
Ça, je sais: à Gaza, en territoire palestinien, où j'étais en concert en 1998...

La qualité que vous préférez chez une femme?
Le courage.

Chez un homme?
Qu'il me respecte. Sans hiérarchie.

Que possédez-vous de plus cher?
Une âme.

Le talent que vous n'avez pas?
Savoir m'excuser.

Les noms que vous préférez?
Sardanapale, Nabuchodonosor, porphyre, cheveux d'ange, a priori, timide, sphincter, matamore, acunéiformité, nodule et papillon de nuit. Et ceux de mon invention: caraméléon, vocifer, calmataire.

Vos compositeurs classiques préférés?
Verdi, Mozart, Vivaldi, Liszt.

Et vos compositeurs contemporains préférés?
Xenakis, Leonard Cohen, Gainsbarre, Michaël Levinas.

La chanson que vous sifflez sous votre douche?
Ta Cathy t'a quitté, de Boby Lapointe. Ou Magician, de Lou Reed.

Votre livre de chevet?
En ce moment, ce sont Les chemins qui ne mènent nulle part, de Heidegger. Et les derniers poèmes de Milosz.

Vos héros dans la vie d'aujourd'hui?
Les comédiens au travail.

Votre film culte?
J'en ai deux: La Soif du mal, d'Orson Welles, et L'Arrangement, d'Elia Kazan.

Vos peintres favoris?
Malevitch, Rothko, Vélasquez, Goya, Yamou Bine Bine ou Kacimi.

Si vous deviez changer une chose dans votre apparence physique?
Je serais plus mince. Comme un tanagra, mais en gardant mes lolos. Non, je me ravise, je ne changerais rien. Parce que le charme habite le mouvement.

Les fautes qui vous inspirent le plus d'indulgence?
Celles que commet quelqu'un d'un peu jeté.

Que détestez-vous par-dessus tout?
Les mondanités malsaines.

La couleur que vous préférez?
Le noir.

Votre plus grande peur?
Ne plus avoir peur.

Etat présent de votre esprit?
Là, maintenant, je suis pleine d'énergie. Mais je serai sûrement désespérée dans deux minutes...

Comment aimeriez-vous mourir?
Sur scène, sans rien voir venir.

Votre plus grand regret?
Ne pas savoir ce qu'il y a après la mort.

Votre devise?
Nous ne sommes pas si impuissants.