2000
SAPHO, le tourbillon

Personnage exubérant et généreux, Sapho parle avec emphase et passion, rit, engage autant son corps que son esprit vif, dans la conversation. La voilà, dans sa longue robe floue, chapeau fleuri de roses, incliné sur l'oeil droit. Elle boit une tasse de son breuvage préféré, le thé, et se réjouit de partir en tournée. Commencer celle-ci par son Maroc natal, la remplit particulièrement de satisfaction. Née à Marrakech, la belle y revient fréquemment passer ses « vacances » : de plus ou moins longs séjours propices à l'écriture. Romans, poésies, chansons, tout lui vient presque naturellement, elle s'en excuse d'ailleurs en riant « c'est affreux, honteux de dire ça, mais pour moi c'est très simple. ». Le reste de son temps se partage entre les tournées et sa base parisienne. Mais la scène est le réel royaume de Sapho, une régénérescence conférée par le public, auquel en échange, elle se donne sans compter, précisant tout de même « il ne suffit pas d'être généreux : il faut travailler son art, un art personnel. Je n'aime pas l'académisme, je ne veux pas être dans la démonstration, la virtuosité, mais dans la justesse. Faire juste ce qu'il faut, au bon moment, me surprendre et surprendre le public. »

Inépuisable
Pour la suite, entre les mille projets que mijote toujours cette inépuisable artiste, un lui tient particulièrement à coeur : jouer Les bonnes de Jean Genet, avec son amie Bernadette Lafont, « sur un mode tauromachique, après tout, c'est une cérémonie de la mort ! ». Ce projet semble susciter un certain intérêt dans le milieu théâtral. De toutes façons, soyons assurés que Sapho ne restera pas là, à se tourner les pouces, « Je ne sais pas ce que c'est que de ne rien faire du tout... Je suis pleine de passions, c'est pour ça. » Cette frénésie d'activités n'exclue cependant pas une indispensable qualité de vie, où place est faite pour les amis, les plaisirs de la table, la convivialité. Son portable sonne, elle ne l'attrape pas à temps, son correspondant s'entête et réussit à la joindre sur celui d'une amie présente. Sapho rejoint la tablée qui se languissait d'elle, se lance, volubile, dans les anecdotes récentes, se rend compte que ses lunettes ont été égarées en cours de route, hausse les épaules en riant, visiblement coutumière du fait. Elle ne va pas tarder à reprendre ses pérégrinations...

Jenny Ulrich