2000
United Colors of SAPHO

L'une des ferventes représentantes des brassages musicaux a fait escale à la Filature mardi soir. Sapho s'approprie les sons et les couleurs avec grâce. La belle et gracile petite dame sautille dans tous les sens, légère comme une plume, avec une voix tout en contrastes. La scène est son domaine. Les musiques du monde sont à la mode, certes, et l'on peut tomber très vite dans la facilité. Sapho, elle, ne cède en rien à la world de pacotille. Et loin des mélanges indigestes, propose une musique des racines et du coeur. Son coeur est partout, née juive de Marrakech, elle chante dans toutes les langues et communie naturellement avec la salle. Comme de coutume, elle a invité le public à danser sur scène avec elle. Mais pas facile de faire bouger le public mulhousien, toujours trop discipliné et cloisonné dans son « qu'en dira-t-on ? ». Sapho ne s'est pas laissée surprendre par la glace, et l'a brisée à coup de charme en fin de partie. Sur scène, un trio de percussions africaines, une guitare andalouse... Sapho, est parfois l'héritière de Janis Joplin, par le feu et la violence avec laquelle elle interprète ses sensations. Elle possède aussi le petit grain de folie de Barbara. Une manière de folie douce teintée de ferveur. Elle raconte « La route nue des hirondelles », lettres de Marrakech, avec toujours ce mélange de douceur et d'excès. Pour un univers d'hier et d'aujourd'hui qui abolit, le temps d'un concert, controverses et batailles. La chanteuse guide nos regards vers le monde et ses humanités.

Corine Bernard