Née à Marrakech, Sapho passe son enfance et son adolescence au Maroc jusqu’à l’âge de 16 ans, puis elle part pour la France et la Suisse avec ses parents. A dix-huit ans, la jeune femme s’installe à Paris. Elle y découvre le quartier Latin et suit quelques temps les cours d’Antoine Vitez. Parallèlement, elle joue un peu de guitare dans les rues de la capitale. Un de ses amis, Hervé Cristiani - auteur de « tubes » (Il est libre Max) - l’emmène auditionner au Petit Conservatoire de Mireille. Ayant définitivement abandonné ses ambitions théâtrales, la jeune artiste qui prend dorénavant le pseudonyme de Sapho, du nom de la poétesse grecque, entame la tournée des maisons de disques. Pari réussi puisqu’elle signe un premier album (chez RCA) en 1977, Le balayeur du Rex. Ce premier essai voit émerger une artiste à la personnalité singulière et forte. En effet, trois ans après son premier disque, elle enregistre à Londres un nouvel album Janis dans lequel elle propose un rock alternatif et révolté dont les influences viennent de la musique américaine de la fin des années 60, des Doors à Janis Joplin. Puis suivent Le Paris stupide en 1981, Passage d’enfer en 1982 et Barbarie en 1983, trois opus qui résonnent comme autant de dénonciations du racisme et du machisme.
Militante
depuis maintenant de nombreuses années pour le rapprochement
israélo-palestinien, Sapho se produit à Gaza. La situation
est tendue, mais la chanteuse est déterminée. Le succès
qu'elle rencontre à cette occasion, ne fait que confirmer ses
sentiments et ses opinions. Deux ans après Jardin andalou, Sapho
retrouve la chaleur du Maghreb avec un nouvel album, La Route nue des
hirondelles qui sera suivi d’un spectacle à l'Auditorium
Saint-Germain à Paris. En 2000, elle le mène à
travers la France, les Pays-Bas, la Suisse et le Maroc. Puis elle s’investit
dans un tout autre rôle, celui de comédienne et lectrice.
En effet, invitée par la Maison de la poésie à
Paris, la chanteuse se lance dans des représentations consacrées
aux textes et poèmes de quatre auteurs : Garcia Lorca, Rilke,
Baudelaire et Michaux. Elle fait par ailleurs entendre le timbre chaleureux
de sa voix au fort pouvoir d’envoûtement, servie par sa
technique de diction, en lisant les Contes des Milles et une nuits pour
les Editions Frémeaux & Associés (La Librairie Sonore). En
mars 2002, la chanteuse donne des concerts en Afrique : au Sénégal,
en Mauritanie, en Guinée. Puis, elle part au Moyen Orient au
mois de mai : elle se produit à Bagdad et à Nazareth.
Le succès rencontré est immense. Après cette tournée
au Moyen Orient, elle entreprend l'enregistrement d'un nouvel album
Orients (Virgin) pour lequel elle réunit l'orchestre de Nazareth,
grand orchestre oriental composé de vingt musiciens musulmans,
juifs et chrétiens et des artistes férus de nouvelles
technologies. Le guitariste flamenco Vicente Almaraz complète
le groupe. Elle confie à un de ses amis chefs d'orchestres libanais,
Elie Askhar, la réalisation du disque qui sort en février
2003.
Solidaire des femmes et définitivement au service de la liberté
d’expression, Sapho participe en 2005 à l’Olympia
au concert de soutien à Florence Aubenas, Hussein Hanoun et Giulana,
alors otages en Irak, aux côtés de nombreux artistes et
personnalités internationales. Puis l’artiste sans frontières,
toujours avide de nouveaux défis, entreprend de reprendre, à
La maison de la Poésie de Paris, les chansons de Léo Ferré,
qu’elle revisite de façon flamenco (parues chez Basaata
productions). Christophe
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